Quelles preuves a-t-on avec les champs électromagnétiques (CEM)

Quelles preuves a-t-on du rôle causal des champs électromagnétiques (CEM) dans l’apparition du SICEM et de son évolution vers l’électrohypersensibilité ?

Les opérateurs, certains scientifiques (ou plutôt ceux qui se disent comme tels), et même certains médecins non réellement avertis des données scientifiques actuellement disponibles et n’ayant en réalité aucune expérience pratique dans ce domaine, arguent du fait que les résultats obtenus à partir des études épidémiologiques ou utilisant des tests de provocation  sont négatifs : dans ce dernier cas, on tente de reproduire les symptômes d’électrohypersensibilité en mettant les sujets en présence de CEM. Ils affirment que rien n’est prouvé, autrement dit que les CEM n’ont aucun effet sur la santé. D’où la « fuite en avant » actuelle dans le développement des technologies sans fil, l’argument économique étant pleinement soutenu par les pouvoirs administratif et politique, sans tenir compte de l’énorme facture sanitaire qu’il faudra immanquablement payer un jour ou l’autre, en termes de santé publique, et qu’on paye déjà maintenant, en termes de souffrance individuelle et de frais médicaux et sociétaux compte tenu de l’ampleur du phénomène.

Concernant les études épidémiologiques, celles-ci n’ont en effet qu’une valeur très relative et cela pour trois raisons :

1. Parce que les données sont le plus souvent fournies à partir de questionnaires qu’il est pratiquement impossible de valider au plan de leur qualité ;

2. Parce que les interviews se font le plus souvent par téléphone, sans examen clinique du malade ni investigation biologique appropriée ;

3. Parce qu’étant le plus souvent atteints de troubles cognitifs sévères, les malades ne peuvent pas répondre correctement aux questions posées et cela d’autant plus que les interviews sont le plus souvent rétrospectives.

Ainsi malgré toutes les précautions prises, ces études sont l’objet de nombreux biais. L’exemple ici est l’étude Interphone dont les résultats sont unanimement contestés par l’ensemble des experts scientifiques internationaux.

C’est dire que, comme le souligne l’Appel de Paris, toute étude épidémiologique négative ne signifie pas l’absence de risque.

De même, la négativité des tests de provocation tels qu’actuellement réalisés n’ont aucune valeur scientifique, là aussi principalement pour trois raisons :

  1. Ces tests ont été (et sont) le plus souvent réalisés chez des volontaires sains, autrement dit chez des sujets ne présentant pas d’électrohypersensibilité. Ces sujets peuvent donc parfaitement ne pas présenter de signes d’intolérance tant au plan clinique que biologique lorsque soumis aux CEM. A l’inverse les quelques études réalisées chez des sujets électrohypersensibles, donnent le plus souvent des résultats positifs.
  2. Les tests réalisés sont en général de très courte durée – souvent de l’ordre de 20 minutes – et donc n’envisagent pas les effets des expositions chroniques, chiffrées non pas en minutes, mais en mois, voire en années !
  3. Lorsque les tests sont réalisés chez des sujets électrohypersensibles, sous l’effet du stress induit par l’expérimentateur, et parce que les symptômes analysés sont entièrement subjectifs, les sujets investigués peuvent se tromper. Ainsi les résultats peuvent s’avérer être négatifs. Et cela, d’autant plus que certains symptômes sont d’apparition retardée et que l’électrohypersensibilité est associée à une très forte émotivité (en voir les raisons plus loin) et à des troubles cognitifs avec perte de mémoire de fixation. La non-cohérence des réponses obtenues en cas de stimulation « fantôme » n’a donc là aussi aucune valeur. Une telle négativité du test n’élimine donc pas la possibilité d’un lien causal.

Il n’y a donc aujourd’hui rien de prouvé en matière d’innocuité des champs électromagnétiques sur l’organisme.

Bien au contraire, et c’est ce que réalisent avec juste raison les malades qui se plaignent d’électrohypersensibilité. Unanimement, ils relatent le fait que leurs symptômes apparaissent lorsqu’ils sont à proximité des sources électromagnétiques et disparaissent lorsqu’ils s’en éloignent.

Il convient donc d’inverser la charge de la preuve, comme c’est le cas dans le Règlement Européen REACH. C’est aux industriels, ici aux opérateurs, de prouver que le développement de la technologie sans fil est sans risque pour la santé humaine. Or jusqu’à ce jour aucune étude scientifique solide n’a été capable de le faire.

Il y a en réalité trois types de questions à se poser, auxquelles les études de l’ARTAC et désormais de l’ECERI ont tenté ou tentent de répondre, et finalement trois niveaux de preuves qu’apportent ces études :

  • Les malades qui se disent être EHS sont-ils de vrais malades ?
  • Les champs électromagnétiques sont-ils réellement en cause ?
  • Quelles sont les sources les plus fréquemment en cause ?

    1. S'agit-il de vrais malades

      La réponse est clairement oui. Le fait de présenter des symptômes fonctionnels qualifiés être "subjectifs" par ceux qui nient ou dénient le fait qu’il s’agit de vrais malades, autrement dit de malades porteurs d’une affection objective, en déclarant qu’il s’agit d’hypochondriaques ou de simulateurs, n’est pas un argument scientifique recevable. Car c’est remettre en cause les bases mêmes de la médecine. En effet, toutes les maladies ou affections y compris de nature organique comportent des signes fonctionnels, qui par définition sont subjectifs. En outre, associés à ces signes fonctionnels, la question posée est celle de savoir s’il existe chez les malades se disant être intolérants aux CEM, des signes physiques objectifs, décelables à l’examen clinique ? Là encore la réponse est bien évidemment oui. Mais à condition d’avoir examiné soigneusement les malades. Or dans la quasi-totalité des cas, cette réponse ne peut être donnée par les partisans de l’innocuité des CEM, car ils n’ont pour la quasi-totalité  d’entre eux jamais examiné de malades se disant être électrohypersensibles.

      Certains malades présentent en effet des érythèmes, surtout au niveau du visage et des mains (mais également au niveau des autres parties du corps, telles que le thorax), parfois semblables à ceux résultant d’un « coup de soleil », voire même, bien que beaucoup plus rarement, d’une brûlure du second degré. Les érythèmes le plus souvent observés sont en général fugaces durant de quelques jours à plusieurs semaines, et disparaissent en cas de sevrage électromagnétique. Ce qui explique qu’il puisse être difficile pour le médecin de les observer de visu. Mais les photographies apportées par les malades font ici l’affaire. De même des lésions cutanées à type de « screen dermatitis », causalement liées à l’exposition aux écrans d’ordinateurs cathodiques ont pu être observées, décrites et publiées dans la littérature scientifique internationale. Plus rarement, les lésions cutanées observées sont prurigineuses et s’accompagnant de prurigo, évoquent alors la possibilité d’une libération locale d’histamine.

      Certains malades présentent en outre une raideur voire des déformations articulaires notamment au niveau des mains qui à l’évidence ne relèvent pas d’une polyarthrite rhumatoïde ou même d’arthrose.

      Dans notre série, environ 5 à 10% des malades présentaient des troubles de l’équilibre à la marche confirmés à l’examen clinique, et/ou un signe de Romberg à l’occlusion des yeux, ce qui traduit l’atteinte de la sensibilité profonde.

      On pourrait arguer du fait que ces signes d’examen clinique ne sont pas spécifiques. En fait c’est leur association aux symptômes fonctionnels et la répétition stéréotypée de malade à malade du tableau clinique qui l’est. Sans pour autant apporter la preuve qu’elle est causalement liée aux CEM, la symptomatologie observée signifie à l’évidence qu’il s s’agit de vrais malades.

      Mais ce sont sans doute l’imagerie médicale et les examens biologiques que nous avons mis au point qui apportent en fait la preuve définitive de la réalité de l’affection.

      1. Tous les malades (à quelques exceptions près) présentent une hypoperfusion sanguine à l’echodoppler cérébral, cette hypoperfusion prédominant dans les lobes temporaux, et plus particulièrement dans les régions correspondant au système limbique et/ou au thalamus.
      2. Un grand nombre d’entre eux présentent un taux de vitamine D effondré dans le sang.
      3. Environ 40% d’entre eux présentent un taux d’histamine élevé dans le sang.
      4. De façon encore inexpliquée près d’un sur deux ont un taux élevé d’anticorps anti-O-myéline, anti-Hsp70 et/ou anti-Hsp27 dans le sang, ce qui traduirait l’entrée de l’affection dans le cadre d’une maladie auto-immune
      5. Environ 10% des malades présentent un taux élevé de protéine S100B dans le sang, ce qui traduirait l’ouverture de la barrière hémato-encéphalique.
      6. Enfin 10% d’entre eux présentent une élévation de la nitrotyrosamine dans le sang-il s’agit d’un marqueur de stress oxydant-, ce qui signifie en clair que ces malades ont un déficit général de leurs défenses antioxydantes.
      7. Enfin près d’un tiers d’entre eux ont un taux de mélatonine urinaire effondré et de façon inexpliquée un autre tiers, un taux de mélatonine urinaire significativement augmenté.

      Ainsi est-on désormais certain qu’il s’agit de vrais malades et que l’affection doit être individualisée au plan nosologique.

        2. Les champs électromagnétiques sont-ils réellement en cause ?

          Si la certitude scientifique absolue n’existe toujours pas, néanmoins de très nombreux arguments tant cliniques que biologiques suggèrent très fortement que les CEM sont bien la cause de l’affection que nous avons décrite sous le terme de SICEM et de l’installation progressive chez ces malades d’un état d’électrohypersensibilité. Les arguments sont les suivants :

          1. Apparition et régression des symptômes cliniques et des anomalies biologiques.

          Dans notre série, tous les malades que nous avons considérés être atteints de SICEM indiquent clairement que leurs symptômes apparaissent lorsqu’ils sont en présence de CEM (quelle que soit la source) et régressent, voir disparaissent, lorsqu’ils s’en éloignent, notamment lorsqu’ils séjournent en zone blanche. Cette observation est constatée unanimement par les malades que nous considérons être atteints du SICEM et leur allégation ne peut être mise en doute, car ils fournissent des exemples concrets. En outre nous avons pu monter chez plusieurs malades l’existence d’une corrélation étroite entre la présence ou non d’une exposition aux CEM et les résultats des examens biologiques et d’imagerie. Ceux-ci se normalisent lorsque les malades séjournent en zone blanche, alors qu’ils s’altèrent à nouveau lorsqu’ils sont réexposés. Ce qui est un argument objectif. Ainsi le constat d’une association symptomatique et paraclinique (les examens biologiques et d’imagerie) en fonction de l’exposition ou non à des sources électromagnétiques constitue-t-elle un critère diagnostic essentiel du SICEM.

          2. Association des symptômes

          Le tableau clinique autrement dit l’association des symptômes, tels que nous les  avons précédemment décrits est stéréotypée. En d’autres termes à quelques nuances près, il est identique d’un malade à l’autre. En outre, à l’exception du MCS, un tel tableau clinique ne correspond à aucune autre pathologie connue. Le SICEM correspond donc à une nouvelle affection pathologique dont il nous faut établir la cause. Or compte tenu du caractère le plus souvent sporadique (non héréditaire) de cette affection, cette recherche doit se faire prioritairement dans l’environnement. Compte tenu de ce qui précède, la piste électromagnétique est donc celle qu’il convient de privilégier. D’où le terme de SICEM.

          3. Arguments physiopathologiques.

          Les résultats des tests biologiques et des examens d’imagerie médicale sont des éléments clés dans la reconnaissance de l’origine électromagnétique du SICEM pour les raisons suivantes :

          3.1 Tous les malades de notre série ont bénéficié d’un bilan complet incluant au plan de l’imagerie, un scanner ou une IRM cérébrale, une échographie des carotides et de l’artère vertébrale, et dans certains cas, un EEG et/ou une scintigraphie cérébrale avec test au diamox, voire plus rarement un angioscanner ; et au plan biologique une batterie de tests sanguin et urinaires à la recherche d’une éventuelle cause infectieuse, microbienne ou virale, ou métabolique. En outre, en cas de besoins, plusieurs de ces malades ont pu bénéficier de tests psychologiques ou psychiatriques.

          Or tous les malades pour lesquels les champs électromagnétiques ont été considérés être une cause possible de leur symptômes, présentaient un bilan le plus souvent entièrement négatif tant au plan des investigations d’imagerie médicale que des tests biologiques réalisés. Ce qui revient à dire que l’ensemble des malades de notre série, présumées être intolérants aux CEM ou même porteurs d’une EHS, ne présentaient aucune pathologie connue susceptible d’expliquer leurs symptômes cliniques et biologiques.

          3.2 L’hypoperfusion cérébrale et les anomalies biologiques (Protéine S100B, anticorps anti-Hsp 27 et anti-Hsp 70, mélatonine) décelés chez les malades atteints de SICEM correspondent aux effets biologiques des CEM (y compris des radiofréquences) observés expérimentalement chez l’animal ou sur des modèles ex vivo.

          3.3 Chez les malades se disant être EHS et pour lesquels nous avons pu confirmer cliniquement qu’ils s’agissait de vrais malades, l’hypoperfusion cérébrale, de même que les anomalies biologiques varient selon l’exposition ou non aux CEM : ces altérations disparaissent autrement dit les tests se normalisent (après plusieurs semaines) lorsque les malades sont soustraits aux CEM, notamment lorsqu’ils cessent d’être exposés sur leur lieu de travail ou changent de lieu de vie (séjour en zone blanche), alors que ces altérations réapparaissent, autrement dit les tests redeviennent pathologiques, lorsque les malades sont à nouveau soumis à de tels champs.

          3.4 La réalisation de tests de provocation non pas chez des volontaires sains, mais chez des sujets considérés cliniquement et biologiquement être EHS, nous a permis de montrer qu’une exposition à des CEM calibrés (selon les cas, radiofréquences, hyperfréquences ou basses ou extrêmement bases fréquences) provoquait le déclenchement de certains des symptômes cliniques observés chez ces malades et la modification de plusieurs paramètres biologiques analysés. Ainsi, bien que les résultats obtenus doivent être considérés comme préliminaires, ces tests de provocation contrairement à ceux réalisés chez des volontaires sains donnent-il des résultats plutôt positifs en faveur d’un effet direct des CEM chez des sujets devenus EHS, et donc ainsi confirment pour partie les résultats observés chez l’animal

          3.5 Enfin, et surtout, point fondamental, l’ensemble des données cliniques et biologiques disponibles plaident en faveur de l’effet causal des CEM, en raison de leur cohérence et surtout de l’interprétation plausible qu’elles permettent de proposer comme nous le verrons, au plan physiopathologique.

            3. Les sources électromagnétiques inductrices de SICEM et d’EHS les plus fréquemment en cause.

              L’analyse préliminaire de notre série de malades atteints de SICEM permet les remarques suivantes :

              1. Point essentiel, environ une fois sur deux, l’affection est induite par l’utilisation abusive d’un téléphone portable (GSM ou DSC) ou d’un téléphone mobile sur socle (DECT) plus d’une heure par jour pendant plusieurs années, et cela d’autant plus si le Débit d’absorption spécifique (DAS) est élevé. La téléphonie mobile avec multimédia (UMTS, 3G et maintenant 4G) semble encore plus néfaste. L’utilisation de systèmes de communication sans fil entre matériels électroniques (Bluetooth) ou de systèmes de radioguidage ou de géolocalisation par satellite dans les voitures ou autres moyens de transports peut être aussi très gravement mise en cause.

              2. Très souvent aussi est en cause l’utilisation d’un ordinateur plus de 8 heures par jour chez des sujets génétiquement susceptibles. Dans ce cas, l’utilisation d’écrans cathodiques (ordinateurs téléviseurs) et la Wifi (ou la Wimax) favorisent de façon considérable la genèse de l’affection et son évolution vers un état d’EHS.

              3. De même une exposition pendant plusieurs années aux CEM émis par un transformateur électrique, une ligne à haute tension ou à très haute tension, ou par des radars militaires est une cause d’entrée dans l’affection

              4. L’exposition prolongée aux CEM émis par un mât comportant plusieurs antennes relais (téléphonie mobile, télévision) ou encore par une éolienne peut être mis en cause dans environ 10 % des cas de notre étude.

              L’analyse de ces différents pourcentages pourra paraitre différent de ce que ressentent les malades se disant être EHS, et de ce qu’affirment, sans preuve scientifique certaines associations de malades : en particulier le pourcentage concernant le rôle causal des antennes relais pourra paraître relativement faible. Mais il convient fondamentalement de distinguer les causes inductrices d’électrohypersensibilité, des conséquences générée par celles-ci, autremnt dit lorsqu’elle évolue ou a évolué vers un état d’intolérance pour des intensités très faibles de CEM.

              Il convient de distinguer ici très clairement l’effet des antennes relais en tant que cause inductrice de l’électrohypersensibilité, de l’effet qu’elles induisent en tant que conséquence une fois l’électrohypersensibilité installée, et cela, quelqu’ait été la source électromagnétique inductrice.

              En effet, une fois que les sujets sont devenus EHS, ceux-ci sont intolérants à toutes sortes de sources électromagnétiques et pour des intensités de CEM très faibles, donc y compris aux antennes relais et cela quelqu’en soit la puissance. Alors, que de telles antennes selon les résultats de notre étude, sont nettement moins fréquemment impliquées en tant que cause originelle de l’électrohypersensibilité chez les sujets initialement indemnes de toute pathologie.

              Ce qui signifie en clair, en terme de santé publique, que si des aménagements sont certainement à réaliser en matière de positionnement des antennes par rapport aux lieux publics et que pour ces aménagements, il convient de définir le nombre et le type de ces antennes à répartir sur le territoire, les causes majeures d’intolérance et finalement d’électrohypersensibilité sont en fait à mettre principalement sur le compte d’un abus d’utilisation au plan individuel ou professionnel de la téléphonie mobile (portable, DECT) et de l’ordinateur, et au plan collectif de la généralisation du Wifi et du Wimax, à domicile ou dans les lieux publics.

              Ces données ont donc des implications essentielles en matière de santé publique, la lutte contre l’abus d’utilisation de la téléphonie sans fil devant devenir une priorité médicale et sociétale et donc politique.

                Pour soutenir la recherche